Histoires de vie
Chaque année, nous rédigeons un rapport annuel de nos activités et afin de le rendre plus attrayant, nous y incluons des petits moments de vie que nous souhaitons partager avec vous !
2010 & 2011
Un témoignage : Léon, un enfant polyhandicapé
Le service d’aide précoce de Longlier a pris contact avec nous car une famille cherchait une solution quant à leur fils. Les deux parents étant malentendants, il leur était plus difficile de trouver une solution de garde. Depuis la naissance de Léon, la maman a eu un contact fusionnel avec lui, elle l’a gardé la plupart du temps sur elle. Elle était épuisée et souhaitait trouver une solution.
Nous avons accepté de l’accueillir trois jours semaine à raison de 5 heures par jour. Il nous était difficile de faire plus car nous devions porter Léon toute la journée.
Nous avons dû demander un renfort du Tisserand afin d’assurer une qualité d’accueil correcte. De plus une logopède et ensuite une psychomotricienne sont venues régulièrement pour nous montrer les bons gestes à poser.
Petit à petit, sa situation médicale s’est améliorée. Mais nous avons dû, tout de même, faire appel à des infirmières pour poser des actes qui, de part nos fonctions, nous étaient interdits. De notre côté nous avons adapté nos gestes. Nous avons mis en place du matériel qui a facilité son accueil. Nous avons augmenté notre encadrement.
Au fur et à mesure de l’accueil de Léon, les interventions extérieures ont augmenté. Plusieurs fois, nous nous sommes remises en question et nous avons réorienté notre pratique avec l’aide de supervisions ou de réunions avec des tiers extérieurs.
Et grâce à ces soutiens, nous avons pu préparer le départ de Léon positivement. Nous avons rencontré son nouveau milieu d’accueil grâce à la maman et à son assistante sociale qui ont fait le lien.
Et enfin nous avons pu rassembler tous les intervenants lors d’une réunion de clôture pour mettre en évidence tous les bienfaits de cette inclusion.
La découverte d’Albert.
C’est suite à un contact téléphonique avec sa grand-mère que nous avons rencontré Albert. Il a plus ou moins 2 ans, il commence à marcher, émet quelques sons, il joue peu mais aime lancer les objets et les faire rouler. Albert souffre d’un retard de développement et de troubles du comportement qui sont peut-être dû, en partie, à une situation familiale difficile (suivi SPJ).
Lors de notre première rencontre nous avons su directement qu’un nouveau défit s’offrait à nous. Mais le regard de cet enfant, son sourire et ses prémices de contacts, nous ont donné envie de faire un bout de chemin avec lui et sa famille.
La demande de sa mamie était claire. D’après les conseils de son neuropédiatre et de sa kinésithérapeute, il est important pour elles qu’Albert soit en contact avec d’autres enfants, qu’il puisse voir, imiter, reproduire…tisser des liens.
Notre questionnement n’était plus sur : « Puisqu’il n’a pas été en contact avec d’autres enfants, comment va-t-il réagir avec eux ? Puisqu’il se tient à tout pour se lever, ne va-t-il pas se servir des enfants et leur faire mal sans le vouloir ? Et puis que peut-on faire pour l’aider à progresser ? Comment doit-on agir pour l’aider à entrer en relation avec les autres ? »
Avec l’accord de sa grand-mère, nous avons pris contact avec le Tisserand afin de bénéficier d’un renfort dès les premiers jours pour pouvoir passer du temps avec Albert. Mais nous avons, également, fait appel au Tisserand afin de réfléchir avec des spécialistes sur la manière d’agir.
Même si au début quelques enfants sont restés éloignés d’Albert, celui-ci a très vite trouvé sa place. Il vient avec le sourire, il joue, s’amuse… et surtout de plus en plus, il va vers les autres. Il les approche doucement, les interpelle par des sourires, des petits sons…parfois s’aide d’eux pour se lever mais jamais en les brusquant.
Au fur et mesure, nous avons pu mettre des choses en place et rendre cet accueil pertinent pour
tous.
2012
L'importance de pouvoir se poser
Si les familles d'enfant en situation de handicap nous ont aidé à comprendre quelques chose, c'est bien l'IMPORTANCE DE POUVOIR SE POSER. En effet, très souvent, lorsqu'ils amenaient leur enfant ou venaient le recherche, ces parents cherchaient la possibilité de discuter, comme si ils avaient besoin de nous raconter. Souvent, ces discussions se déroulaient dans l'espace accueil où à tout moment un autre parent arrivait ou une puéricultrice devait passer. Et puis c'était tout près des enfants, dans le bruit. Parfois c'était dans le couloir, dans un lieu de passage, quelques discussions entre deux portes. Et rarement dans le bureau, un lieu formel où il est difficile de ne pas mettre en avant sa casquette « responsable ».
Au fur et à mesure, en assistant à des formations de l'ONE et en rêvant entre nous, l'idée à germer de créer un espace moins formel. Plusieurs fois, Florence Pierrard, nous a parlé de ce qui se faisait ailleurs que ce soit en Flandres ou dans d'autres pays. Elle nous décrivait des espaces où le parent pouvait prendre le temp de déposer son enfant, de boire une tasse de café, de discuter avec d'autres parents...des espaces qui leur permettent de se sentir à l'aise COMME chez eux.
Nous avons donc décidé d'agir. Même si notre bâtiment ne s'y prêt guère à cause de l'organisation des pièces et de l'espace, nous souhaitons disposer des fauteuils ou des divans avec une table sur laquelle il y aurait des boissons et qui seraient accessible tout le temps aux parents. Cet espace est situé juste à côté du Snoezelen, ainsi il pourra également servir de sas d'entrée au Snoezelen.
Nous avons donc lancer un appel aux parents : « Nous cherchons des fauteuils ou un divan dont ils n'ont plus l'utilité et qui est prêt à accueillir des moments de convivialités ».
Quelques semaines plus tard, une famille nous a proposé son ancien salon. Il se composait de trois divans. N'ayant pas suffisamment de place, nous avons gardé les deux canapés deux places et nous avons donné le canapé 3 places à une autre association.
Depuis nous rencontrons les familles dans cet espace. Nous y faisons nos réunions. C'est un endroit moins formel qui favorise la confiance.
La Maison de la Laïcité : l'importance d'être soutenu
Avant même l'ouverture de la Maison d'enfants, nous avons parlé de notre projet autour de nous ; à notre famille, nos amis, nos connaissances. Beaucoup de personnes nous ont encouragées. Ils trouvaient l'idée très intéressante. Certaines, même, étaient encore plus convaincues que nous de l'utilité d'une telle initiative. A ces personnes qui nous soutenaient, nous leur avons expliqué nos difficultés :
- premièrement se faire connaître et donner envie aux familles qu'elles soient en situation de handicap ou non de venir chez nous,
- deuxièmement, trouver des fonds pour développer des projets qui renforcent ces inclusions.
Quelques unes de ces personnes faisant parties d'une ASBL : « La Maison de la laïcité d'Arlon » , nous ont proposé de nous aider.
Chaque année, ils organisent un marché artisanal dans le but de récolter des fonds pour aider des ASBL qui agissent auprès de personnes en situation de handicap, de personnes âgées....mais surtout auprès de projets auxquels ils croient.
Depuis trois ans, nous renforçons l'équipe des bénévoles de cette journée de l'artisanat. Nous proposons une garderie. Ainsi les parents peuvent se promener tranquillement dans les allées du salon pendant que leurs enfants s'amusent sur un château gonflable, font des dessins, jouent avec des voitures.
Lors de ces journées, nous rencontrons beaucoup de familles. Certaines nous demandent des explications, nous posent des questions...elles sont intéressées par notre projet. D'autres sont surtout contentes que nous puissions nous occuper de leur enfant pendant leur visite au salon. Chaque année, nous revenons chez les Petits Nicolas avec de nouveaux contacts, de nouvelles idées.
Quelques mois plus tard, la Maison de la Laïcité nous invite à une petite soirée pendant laquelle ils remettent les chèques des dons aux différentes associations. Pendant cette soirée, nous rencontrons d'autres professionnels qui, comme nous, essaient d'insuffler un vent de collaboration, de tolérance, d'entre-aide... Nous avons rencontré, par exemple, une maman qui se bat pour sa fille polyhandicapée, une maman qui récole des fonds pour permettre à sa fille de communiquer avec le monde qui l'entoure. D'autres associations sont également présentes telles que des écoles spécialisées, des centres d'accueil pour des personnes adultes en situation d'handicap, des homes pour personnes âgées....Ces soirées nous permettent de nous rendre compte que nous ne sommes pas seules.
2013
Le départ
Lors du départ d'un enfant, nous avons eu l'occasion de rencontrer les personnes qui allaient encadrer celui-ci. Nous avions pu également prendre le temps de discuter de ce que les moments de garde ont apporté à chacun.
Vu les effets positifs de cette situation, nous nous sommes dit : « Pourquoi pas pour les autres ? »
Quelques semaines plus tard, une petite fille devait nous quitter pour aller à l'école. En accord avec les parents, nous avons été visiter sa futur école. Nous avons rencontré les institutrices maternelles et la directrice. Ensemble, nous avons réfléchi à ce que nous pourrions mettre en place pour faciliter la transition entre la maison d'enfants et l'école sans prendre la place des parents. Au final, nous avons décidé de créer un carnet de photos qui reprend toutes les classes et les différents endroits de l'école où apparaissent les institutrices, nous,les poissons ou d'autres éléments anecdotiques. Nous avons proposé également à l'institutrice de l'enfant de venir nous rencontrer à la maison. Nous n'avons pas parlé de l'enfant car nous pensons que c'est le rôle des parents de choisir de dire ce qu'ils pensent intéressant. Par contre nous avons parler de notre projet et de notre manière de le mettre en place.
Une fois de retour à la maison, nous avons discuté avec l'enfant devant tous les autres de cette école. Nous avons comparé avec notre milieu. Nous avons mis en avant les nouvelles choses.
Le pique- nique
En août, un jour de beau temps, nous avons décidé avec toute l'équipe d'aller manger à l'extérieur. Se situant dans un village, il nous semblait normal de profiter du cadre rural. Nous nous sommes arrangé avec notre traiteur pour qu'il nous prépare des repas froids faciles à emporter et à consommer avec les enfants. (pain, triangle de fromage, fruits.., légumes crus.)
Fin de matinée, nous avons sorti les poussettes, y avons installé les plus petits et nous nous sommes rendus à pied avec tous les enfants à la ferme du moulin du village. Nous avons pris le temps sur le chemin d'aller de découvertes en découvertes. Par exemple, ils ont pu tester une ancienne pompe à eau, manger des pommes et des prunes directement de l'arbre....
La fermière nous a fait visiter et découvrir les animaux. Elle nous a montré ses chevaux, ses canards et même ses kangourous. Elle nous a permis de profiter d'un coin de verdure pour diner. Les plus grands étaient installés sur une couvertures pour manger leur assiette tandis que les plus petits étaient installés dans les poussettes ou sur nos genoux.
Cette expérience étant tellement positive que nous voudrions la renouveler. Mais ceci demande plus d'encadrement. En effet nous avons tenté l'expérience un jour où il y avait peu d'enfants afin d'assurer la sécurité de chacun. (Mais nous voudrions faire participer plus d'enfants.) Donc il nous parait intéressant de solliciter l'aide des parents. Tous les parents présents à la réunion, étaient enchantés par la proposition.
2014
L'inclusion commence avant la maison d'enfants.
Suite à une situation particulière où les parents étaient dans l'impossibilité d'amener leur enfant pendant quelques mois, nous avons commencé à contacter les services mis en place pour le déplacement des personnes à mobilité réduite : le SAHMO, TEC, la Croix-Rouge, les mutuelles…
Ensuite, nous avons contacté des services plus généraux tel que l'AViCQ, la Province, la Région Wallonne, notre commune et la commune où habite l'enfant afin de savoir si il n'existe d'autres services auxquels nous n'avons pas pensé.
Nous avons été réorienté vers les CPAS et d'autres projets mais qui malheureusement ne touchent pas notre région.
Au final, nous n'avons trouvé qu'une solution, la Croix-Rouge. Ils acceptent d'assurer un certains nombres de trajets mais à des coûts importants parfois même plus que la garde en elle-même.
Nous sommes bloquées ; personne ne veut prendre en charge quatre fois par semaine pendant 5 mois les trajets.
Puisque le but social de notre asbl est l'intégration des enfants et de leur famille, nous avons décidé d'assumer nous-même les trajets. Pour nous, pouvoir se rendre dans un milieu d'accueil inclusive fait déjà parti de l'inclusion.
Nous avons donc trouvé un arrangement avec les parents. Nous assurons les trajets pour venir et le papa viendra la recherche après son travail. Ainsi l'enfant pourra suivre ses séances de rééducations avant de se rendre à la Maison d'enfants.
Pour assurer le bon déroulement de notre milieu d'accueil, nous avons renforcer notre personnel pendant qu'une des deux responsables va chercher l'enfant soit chez elle soit au centre Eclore c'est-à-dire à plus ou moins 40 km de chez nous, l'autre assure la vie à la maison d'enfants
Nous avons également du prendre des assurances supplémentaires pour nous couvrir en cas d'accident et nous avons du demander une autorisation ainsi qu'une décharge aux parents.
La Toupie et Stallbois
En 4 ans, une partie de notre matériel s'est petit à petit détérioré. En effet, lorsque nous avons ouvert, nous avons dû faire des choix financiers. Nous avions décidé d'investir dans du matériel de chez IKEA au lieu du matériel professionnel de chez WESCO.
A présent, nous voulons investir dans un matériel résistant mais également qui nous correspond, qui répond à nos valeurs d'intégration de la personne différente.
Pour répondre à cet objectif, nous avons décidé de travailler avec la Toupie (Entreprise de Formation par le Travail (EFT) - Secteur de l'insertion socioprofessionnelle).
Nous leur avons demandé de nous réaliser 6 tables et 6 chaises en bois adaptées à notre population. Ils nous ont tout d'abord soumis un prototype. Nous leur avons fait part de nos remarques et ils nous ont fabriqué notre matériel.
Nous avons eu également comme projet un aménagement extérieur. Nous avons souhaité créer un espace fermé sous notre préau pour ranger nos conteneurs et nos poussettes auquel nous voudrions juxtaposer un module Snoezelen.
Nous avons pris contact avec Stallbois, une entreprise axée sur la transformation du bois qui emploie des personnes en situation de handicap. Un contremaître est venu nous rencontrer. Il nous a conseillé et ensemble nous avons pu réaliser une ébauche de ce que nous souhaitons. Il a pris les mesures de l'espace pour le rangement des conteneurs afin d'en faire le devis. Il nous a proposé de définir plus précisément la maisonnette Snoezelen par la suite.
Ces deux projets ont été entièrement financer par des dons faits par des clubs et des associations.
2015
Le Snoezelen même dans les crèches.
Elles ont commencé par nous expliquer le concept. Ensuite, elles nous ont expliqué l’importance du matériel. Il n’est pas utile d’y dépenser des fortunes ; beaucoup de choses peuvent être réalisées soi-même.
Pour finir, la salle a posé des questions : qu'est-ce qu'un tel outil peut apporter aux petits enfants ? Quel intérêt d’en installer un dans une maison d’enfants ? Ne travaillant pas dans le domaine, il leur a été difficile de répondre.
Une responsable du Tisserand nous a interpellé. Elle sait que nous en avons un et que nous avons suivi des formations pour appliquer cette démarche. Nous sommes mal à l’aise vis-à-vis de ces deux dames, nous ne voulons pas prendre leur place. Donc nous essayons humblement d’expliquer ce que nos enfants en retirent, ce qu’ils aiment, comment ils appellent ce lieu étrange. Plusieurs personnes dont ces deux dames sont venues nous trouvées pour nous féliciter pour notre intervention. Elle a permis d'éclairer leurs propos. Même la responsable nous a remercié pour nos explications. Un responsable d’un autre service nous même fait part de son étonnement. Il n'a pas compris pas pourquoi le Tisserand fait appel à des personnes extérieures alors que ce service nous connait et connait notre démarche Snoezelen.
L’enfant doit s’adapter
En arrivant chez nous, la maman a voulu que nous accueillons Jacques comme les autres enfants, sans prendre en compte ses besoins. « C'est à lui de s'adapter » dit-elle.
Notre projet pédagogique pour l'ensemble des enfants n'est pas basé sur cette valeur-là. Nous souhaitons différencier nos accueils. Nous voulons nous adapter au mieux à chaque enfant, à chaque parent. Nous souhaitons que notre accueil soit une continuité avec ce qui se passe à la maison.
On a pris le temps de lui expliquer, de lui raconter notre façon de faire. Au fur et à mesure, elle a accepté de nous raconter, puis de venir passer du temps avec nous pour enfin nous laisser Jacques.
Depuis, nous continuons de « tâtonner ». Nous n'avons pas encore réussi à installer une confiance réciproque. Nous voulons lui laisser le temps mais nous avons besoin d'informations médicales pour pouvoir au mieux gérer les crises de Jacques.
Avec l’accord de la maman, nous avons rencontré la personne du SAP qui suit Jacques. Elle a pu répondre à certaines de nos questions, nous expliquer comment Jacques se comportait à la maison ou à l’école. Mais très vite nous nous sommes rendues compte que nous n’avions peu d’informations nouvelles car cette personne reçoit le même discours que nous de la part de la maman.
De plus en venant qu'une fois par semaine pendant l'année scolaire, Jacques a dû mal à se créer des habitudes. Et pour nous, il nous est difficile d'identifier correctement tous ses besoins.
Pour améliorer cette situation, nous avons demandé l'aide du Tisserand. Un renfort (aide en personnel) nous donnerait la possibilité de passer plus de temps avec cet enfant, observer ses interactions avec les autres, identifier ses moments de crises...
L’oncle de Bob (cfr rapport 2014) :
Après avoir lu les dossiers de candidature pour les deux bourses, nous nous sommes très vite rendues compte que nous ne pourrions pas remplir ces dossiers seules. Nous ne savons pas comment définir exactement notre économie, qu’avait-elle de sociale ? Comment organisons-nous notre politique structurelle ? Comment prévoyons-nous une démocratie d’entreprise ?...
Tous ces termes sont trop vagues pour nous. Nous ne les maîtrisons pas.
Alors nous avons décidé d’utiliser notre réseau Facebook. Nous avons lancé une demande d’aide : « Qui pourrait nous aider à remplir ces deux dossiers ? »
Quelques jours plus tard, la maman de Bob en venant le rechercher, nous demande si nous avons déjà trouver une aide et elle nous propose de l’aide de son frère, compétant dans la matière.
Le rendez-vous est pris. Quelques jours plus tard en fin de journée, nous commençons à travailler ces deux appels à projet avec l’oncle de Bob.
Nous avons que peu de temps pour peaufiner ces dossiers. Nous n’avons qu’une quinzaine de jours pour le rédiger et l’envoyer. Après plusieurs soirées passées à les relire, les modifier, les préciser, nous avons réussi grâce à l’oncle de Bob à répondre à toutes les questions et à les envoyer dans les temps.
Il ne nous reste plus qu’à attendre les résultats prévus pour le printemps 2016.
Le 23 juin 2015, l'inauguration du vide :
Pour finir en beauté sa présidence, Mr R souhaite inviter tous les membres du Rotary Club ainsi que des représentants communaux, des membres de la presse, les parents des enfants fréquentant la maison d’enfants et les membres du conseil d’administration lors d’une inauguration. Etant donné que le 23 juin est férié au Grand-Duché de Luxembourg, la date est idéale pour toucher un grand nombre de personne puisque peu de monde travaillent dans notre région ce jour-là.
Mr M, responsable de notre projet chez Stallbois nous promet que tous les travaux seront finis à temps malgré qu’il ne reste que trois semaines avant la date prévue.
Au fur et à mesure que les jours passent, notre inquiétude grandie. Nous envoyons des mails à Mr M mais également à Mr R.
Quelques jours avant le 23 juin, un mail nous annonce la mauvaise nouvelle :
« Bonjour, Malgré tous les efforts déployés et à ma grande honte, je ne pourrai tenir ma promesse de monter
l'aire de jeu et la barrière pour le 23 courant.
Je ferai, par contre, mon possible pour faire parvenir les visuels couleurs et 3D relatifs à cette prestation avant cette date.
En vous priant d'accepter mes excuses
Votre toujours dévoué ».
Nous voilà donc avec un date d’inauguration, des invitations lancées et pas de structure à présenter.
Le 21 juin, Mr M accompagné de deux ouvriers sont venus nous installer un bout de la barrière qui doit finir le module. Il nous apporte également un grand panneau sur lequel il a afficher les dessins que nous lui avions donner pour faire ses plans. Il nous promet qu’il sera présent le 23 au soir pour expliquer à tout le monde comment sera ce module.
Une fois encore une promesse non-tenue…juste un mail d’excuse le lendemain matin.
Malgré se contre temps, cette « inauguration » a été un moment très riche. Les personnes présentes se sont bien amusées et nous ont encouragées.
Le jour de l'évaluation de Philomène.
Elle a rempli le tableau. Mais pour elle, elle n'est compétente dans rien. Elle doit tout améliorer. Pourquoi adopter un tel comportement ? Est-elle sincèrement persuadée d'être aussi inefficace ou est-ce une manière de se mettre en victime ? Nous n'avons pas l'occasion d'aborder tous les points car elle change de sujet. Pour elle, il y a des choses qui ne vont pas chez nous mais elle ne sait pas comment nous le dire. Son psychologue lui a conseillé de rien nous dire.
Nous sommes dans une impasse. Comment avancer avec quelqu'un qui ne veut pas communiquer ? Comment lui faire confiance lorsque nous ne sommes pas là ? Comment être certaine qu'elle respecte le projet pédagogique lorsqu'elle est seule avec des enfants ? Comment peut-elle travailler en équipe si elle ne veut pas dire ce qu'elle pense ?
Après discussion avec notre coordinatrice ONE ; Nous prenons contacte avec notre secrétariat social. Que pouvons-nous faire pour nous sortir de cette situation ?
On nous propose :
- De prendre contact avec notre médecine du travail :
Nous l'avons déjà fait, ils ne peuvent pas nous aider. Ils peuvent rencontrer Philomène mais ne pourront pas l'obliger à prendre du recul. Nous pensons réellement qu'elle a des difficultés comportementales. Le fait de devoir toujours tout vérifier, d'avoir besoin d'être reconnue par les enfants mais également par nous responsables, de voir tout de manière négative, comme si c'était de sa faute, nous fait dire qu'elle ne se sent pas bien dans sa peau. Qu'arrivera-t-il si elle panique alors qu'elle seule avec un enfant ?
– De prendre contact avec la juriste du service :
Pour elle, il y a trois solutions :
– On continue comme cela au risque de s'épuiser et d'avoir un accident
– On se met d'accord avec elle pour casser le contrat au risque qu'elle se mette en maladie pour une longue durée et qu'on doive assumer ces horaires et son salaire
– On la licencie avec effet immédiat soit pour faute grave ou non.
Nous ne voulons pas licencier pour faute grave. Nous ne voulons pas la mettre dans une situation financière et professionnelle difficile. Mais nous ne pouvons continuer ainsi, il faut qu’elle réagisse.
Nous la convoquons au mois de février. Nous lui signifions que nous sommes déçues puisqu'elle n'a pas retravaillé son tableau des compétences et lui faisons part de tous les manquements observés. Nous l'informons que cette évaluation lui sera envoyé par recommandé à titre d'avertissement.
Au lieu de se reprendre, de changer de comportement, elle nous envoie un recommandé pour connaître les statuts de notre ASBL et les motifs précis de cet avertissement.
Nous nous rendons compte que la situation ne s'améliore pas. Elle est tout le temps aux aguets. Lorsque nous arrivons et que c'est elle qui a accueilli les enfants, ils pleurent. Elle parle très peu avec les membres de l'équipe et n'aide plus les stagiaires dans leur apprentissage. Nous ne la reconnaissons plus. Elle est devenue quelqu'un de fermé, sure d'elle et calculatrice.
Au bout de trois avertissements et en accord avec le conseil d'administration, nous décidons de mettre fin à son contrat avec effet immédiat.
Nous nous sommes informées quant au coût total de ce licenciement. Cela nous fera une perte de 11000 euros ce qui est beaucoup par rapport à notre épargne. Mais pour notre projet c'est important.
Nous la contactons le 20 mai pour lui annoncer qu'un courrier recommandé signifiant son licenciement est envoyé.
Quelques jours plus tard, elle vient rechercher ses affaires. Elle nous dit qu'elle s'en doutait, que de tout façon si nous ne l'avions pas renvoyée, elle serait partie. Elle ne se sentait plus bien chez nous.
Avons-nous fait le bon choix ?
2016
La communication d'Alice.
A plusieurs reprises, lors des retours d'Alice, nous avons pu discuter avec ses parents de son envie de communiquer. Les parents sont également admiratifs de la volonté de leur fille de vouloir se faire comprendre. Puisqu' elle est suivi au Centre Eclore (cfr rapport 2015 ou « Le réseau »), nous demandons aux parents si des choses sont mises en place par sa logopède. C'est le début, ils commencent à la travailler. Mais la maman voudrait plus et elle est ouverte à toutes suggestions. Nous lui parlons du Service d'Aide Précoce (cfr « Le réseau »). Nous travaillons avec une personne de ce service pour un autre enfant pour lequel elle nous a conseillé de signer certains mots. Nous lui donnons les coordonnées du SAP, nous lui proposons de prendre contact. Cette personne pourrait être le lien entre le Centre Eclore, les parents et nous. Elle donnerait une cohérence aux différentes choses mises en place pour Alice.
La maman est ravie. Elle nous promet de leur téléphoner et de nous tenir au courant.
Bien que nous sommes en début de l'année lorsque nous en discutons pour la première fois, il faudra attendre fin de l'année pour que la personne du SAP vienne voir Alice pour la première fois chez nous.
Les absences répétées ainsi que l'organisation de chacun n'ont pas permis de répondre à ce besoin plus tôt.
Malgré les frustrations que nous pouvons ressentir par rapport à de telles situations, nous voulons continuer de respecter le rythme de chacun. Il nous paraît important de laisser le temps à tous de se sentir à l'aise avec la situation, d'être et de vouloir s'engager.
Pendant ce temps nous avons continué de solliciter Alice et d'essayer de comprendre ce qu'elle voulait nous dire.
Vinciane, la sœur de Lisa.
La maman de Lisa (cfr rapport 2015) a souhaité inscrire sa deuxième fille chez nous. Elle ne voulait plus rencontrer les mêmes difficultés lors de l’entrée à l’école.
Début mars, nous commençons l'habituation de Vinciane. Maman vient avec elle plusieurs jours, mais Vinciane ne veut pas quitter ses genoux. Elle ne veut même pas que sa maman se lève pour prendre quelque chose dans un sac. Nous lui proposons d'accueillir sa fille seule juste une heure plusieurs jours d'affilés. A chaque fois, Vinciane vient en pleurant. C'est un déchirement quand sa maman part. Au bout de quelques minutes, elle se calme et accepte de jouer tant qu'on reste tout près d'elle. Au retour, sa maman semble rassurée et fixe une autre heure, un autre jour. Mais un jour alors que sa mère arrive, Vinciane pleure. C'est trop dur ! Le lendemain elle nous téléphone pour clôturer la garde. Elle préfère attendre.
Bob et les autres enfants : qui stimule qui ?
En mettant en place de petits changements pour Bob c’est tout le groupe qui en profite.
Au début Bob était plutôt réticent. Il tourne la tête, se cache, fait celui qui n’entend pas. Par contre les autres enfants observent, paraissent intrigués par l’intérêt que nous portons à Bob. Alors nous avons décidé de les solliciter. Nous leur demandions d’aller chercher Bob, de lui expliquer, de lui montrer…. Il donne l’impression d’être plus enclin lorsque c’est un enfant qui le sollicite. Il les observe beaucoup et il vient de plus en plus près d’eux jouer.
Petit à petit, nous l’avons vu instaurer la relation. Il fait des grimaces. Les autres enfants l’imitent. Ils les chatouille gentiment. Bob devient de plus en plus actif.
Il est passé du mode assis, au mode « ramping » puis 4 pattes. Il acquière de plus en plus d’autonomie.
Point de vue communication, il apprend les signes. En lui laissant du temps pour répondre, nous lui donnons envie d’essayer. Au fur et à mesure, les signes sont venus et bizarrement d’autres enfants les ont utilisés. Des enfants qui parlent peu, qui sont frustrés, ont commencé à les faire.
Une nouvelle fois, c’est une attitude prise pour un enfant en situation de handicap qui enrichit notre manière d’accueillir tous les enfants.
Préparation de la fin de garde de Jacques.
Nous savons que nous approchons de la fin de sa garde. Jacques aura 6 ans en février 2017 ; nous ne pourrons plus l’accueillir. Il est important pour nous de préparer également ce moment.
Comment nous y préparer ? comment y préparer les enfants ? comment préparer Jacques et sa maman ?
Elle apprécie les moments que son fils passe chez nous. Nous avons réussi à établir un climat de confiance. Elle redoute la fin car elle ne trouve pas d’autres solutions satisfaisantes à son goût.
Fin de l’année (21 décembre), nous décidons de prendre du temps pour préparer ce départ. Nous profitons de l’occasion pour demander au Tisserand une intervention. Une réunion est programmée en soirée avec toute notre équipe, une chargée de mission et la personne du SAP. Nous élaborons ensemble un protocole de fin. Nous allons comme pour les autres enfants rencontrer les parents et leurs faire part de nos observations. Mais nous serons plus précises. Nous proposerons un écrit aux parents afin qu’ils puissent en faire part aux intervenants s’ils en ont le besoin. Ces dernières semaines, plusieurs personnes du Centre où se rend Jacques ont pris contact avec nous car ils souhaitent savoir ce qu’on a mis en place, comment on agit avec Jacques. Il leur est difficile de le comprendre au sujet de la nourriture et de certaines activités. Sa maman leur a proposé de nous contacter afin d’échanger nos observations. Le fait de leur transmettre un écrit via la maman les aidera peut-être de trouver des facilités avec Jacques.
La réunion de clôture est prévue pour début de l’année 2017.
Le voyage à Lyon :
Victoire, chargée de mission chez Promemploi, dans le cadre du projet FSE organise un voyage d'études de 2 jours à Lyon pour tous les partenaires faisant parti de celui-ci. Elle propose de rencontrer des responsables de « La Souris verte ». Il s'agit d'une association qui a développé l'inclusion des enfants en situation de handicap d'abord dans des milieux d'accueil qu'ils ont ouvert et ensuite en partenariat avec la ville dans les autres milieux d'accueil. Lyon est donc un modèle d'inclusion.
Nous pourrons rencontrer une responsable de cette association mais également visiter un milieu d'accueil inclusif et visiter un centre pour adolescents en situation de handicap qui utilise un Snoezelen. Ainsi ce voyage répond à la demande de certains partenaires.
Afin de préparer ce voyage, elle nous demande de nous questionner par rapport ces initiatives. Que voudrions-nous leur demander ? Qu'est-ce qui pour nous et notre équipe est important d'aborder ?
Un carnet de bord est rédigé reprenant toutes les questions ainsi que la présentation des différents partenaires et des différents milieux que nous pourrons visiter.
Nous décidons de partir toute l'équipe. Il est plus riche pour chacun de le vivre et d'ensuite en discuter que de raconter ce que nous avons vu au reste de l'équipe.
Nous informons les parents des Petits Nicolas de la fermeture de 2 jours pendant les vacances de toussaint pour cause de voyage d'étude.
Nous sommes ravies de partir même si nous n'attendons pas grande chose de ce voyage. Nous avons déjà rencontré ces personnes, nous vivons depuis 6 ans l'inclusion et nous avons construit un Snoezelen. Mais ce voyage va nous permettre de vivre quelque chose toute l'équipe ensemble. Il va nous permettre de passer 2 jours avec des personnes chargées de mission pour le Tisserand et donc peut-être améliorer nos relations, recréer quelque chose. Peut-être que d'autres surprises nous attendent.
Et oui, il y en a eu des surprises ! Tout d'abord, il nous a permis de faire de nouvelles rencontres, des membres de certaines équipes éducatives que nous ne connaissions pas. Nous avons pu également être renforcées dans notre mode de fonctionnement par rapport à l'inclusion grâce au discours que nous a tenu la responsable de la « Souris Verte », aux visites que nous avons faites. Nous avons pu discuter sereinement avec la personne du Tisserand et recréer un lien. Nous avons pu échanger plus profondément avec notre conseiller pédagogique de l'ONE.
Ce voyage de par son organisation, nous a été profitable à bien des niveaux.
Afin de partager cette expérience, quelques semaines plus tard le Tisserand qui travaille en étroite collaboration avec Promemploi a organisé une JIMA (journée inter milieux d'accueil). Ils ont pu montrer à un plus large publique l'importance de l'inclusion.
Bob et Chelsea
Après le dîner, les enfants sont libres de jouer avec ce qu’ils veulent. Nous en profitons pour rédiger les cahiers de communication et ranger les tables du repas.
Bob observe les autres enfants, il joue avec les voitures autour de lui. Il ne bouge pas beaucoup il reste dans son coin.
Chelsea vient jouer à côté de lui avec une poupée mais ne s’intéresse pas à ce qu’il fait.
Puis tout doucement Bob commence à interpeller Chelsea de manière verbale. Il balbutie, la regarde, la touche du bout des doigts.
Chelsea le regarde. Elle se laisse chatouiller et répond en rigolant. Plus elle rigole, plus Bob la chatouille et lui gazouille des choses.
Pour finir Chelsea est couché par terre, elle ne bouge plus et Bob continue de l’interpeller, de la chatouiller, de la faire rire.
Il est acteur de la situation. Alors qu’il est la plupart du temps passif, il nous montre qu’il peut prendre sa place, qu’il peut donner à l’autre.
Chelsea est ouverte, elle le considère comme un partenaire. Elle ne montre aucune gène par rapport à la différence de Bob…
Les mouvements de Jacques
Jacques est grand, il a 5 ans. Pour l’instant, il se déplace exclusivement sur les fesses en poussant ou tirant avec ses pieds. Il ne voit pas très bien. Il est donc difficile de savoir ce qu’il voit et où il regarde. Il ne parle pas mais comprend très bien. Il faut lui donner du temps pour nous montrer ce qu’il veut ou pour nous répondre.
Certains enfants ne sont pas à l’aise face à ses comportements. Ils n’arrivent pas à anticiper ses besoins, ses réactions ou ses mouvements.
Régulièrement Jacques vient rapidement près d’un enfant et essaie de l’attraper brusquement. Il rigole, il tape des pieds.
L’autre enfant se sent agressé. Mais est-ce l’objectif de Jacques ?
Suite à nos observations et nos discussions en équipe, nous estimons que Jacques essaie d’entrer en relation. Il nous donne l’impression d’être content de pouvoir échanger. Ses gestes qui sont brusques sont en réalité juste une manière « douce » (pour lui avec ses capacités) de toucher l’autre.
Nous décidons de le verbaliser à l’enfant, de le rassurer. En mettant des mots, nous les aidons à comprendre et à anticiper. Petit à petit, les enfants s’habituent et acceptent la relation que leur offre Jacques.
En parallèle, nous verbalisons à Jacques les craintes des autres enfants. Nous l’accompagnons dans ses gestes et nous lui apprenons à faire plus doucement. Il coopère. Il est fier d’être reconnu dans son désir.
Contrat PTP : un autre objectif de notre ASBL.
Nous sommes fières de ce contrat. Nous avons l’impression de réaliser un des objectifs de notre ASBL : « permettre à une personne en difficulté de se réinsérer ». Il nous a fallu 9 mois pour avoir la réponse. Neuf mois pendant lesquels Sophie a continué de venir de temps en temps nous voir, nous donner un coup de main bénévolement. Nous sommes enthousiastes. Elle nous donne l’impression de vraiment avoir envie de travailler parmi nous.
Son contrat prend court le 8 novembre. Elle nous demande trois jours de congé pour suivre une formation pour le permis de conduire théorique. Nous lui accordons étant donné qu’elle s’est engagée avant que nous lui proposions le contrat.
La semaine suivante, nous recevons un appel de sa part, elle est malade. Elle n’a pas pu aller à toute sa formation. Son médecin lui a fait un certificat pour toute la semaine, puis pour la suivante… Au final pour cette fin d’année, elle n’est venue que quelques jours.
C’est le début. Elle a peut-être besoin d’un peu de temps pour se réorganiser. Espérons-le car nous comptons sur elle afin d’alléger notre travail au quotidien et pouvoir être davantage disponible avec les enfants.
2017
Une dernière année...
Pendant cette année, nous n’avons pu offrir que des moments de répits à Alice, des moments en dehors des rééductions, des moments libres où elle nous partageait sa vie de petite fille. D’ailleurs, on sentait de plus en plus son désintérêt pour notre milieu. Elle était ravie de nous voir, nous les accueillantes. Elle nous interpellait, exigeait qu’on s’occupe d’elle. Mais elle entrait en relation de plus en plus rarement avec es autres enfants. Elle sollicitait son frère pour qu’il lui apporte des jeux ou ramasse ce qu’elle voulait par terre, parfois pour qu’il reste près d’elle. Elle regarde à peine les autres enfants. Elle râle lorsqu’ils viennent s’asseoir sur sa chaise. Elle ne les remercie pas lorsqu’il l’aide dans une tâche. Elle a plutôt un regard « hautain » envers eux.
Même si Alice éprouve beaucoup de difficulté point de vue moteur, elle a des besoins et des envies d’une enfant de son âge. Petit à petit, nous nous rendons compte que nous n’arrivons plus à répondre à ses besoins. Les interactions qu’elle a avec les enfants ne sont plus suffisant. Elle a besoin de jeux symboliques alors que les autres ont besoin d’exploration. Par exemple alors qu’elle souhaite nous apporter une assiette pour qu’on goûte ce qu’elle a imaginativement préparé, un autre enfant voudra la fourchette pour mettre en bouche.
Ce exemple anodin nous montre encore une fois l’importance de développer notre projet pour les plus grands. Si nous avions un accueil pour les enfants de plus de 3 ans pour des activités en dehors de l’école, Alice serait avec eux. Son envie de socialisation pourrait être rencontré.
La fin de garde de Jacques : un plus pour tous.
Une fois de plus, cet accueil d’enfant en situation de handicap nous a aidé à améliorer l’accueil pour tous.
Jusqu’à présent, à la fin de chaque garde, nous rencontrons les parents et échangeons sur le vécu et les apprentissages de leur enfant. Ils peuvent nous faire part de leurs ressentis et de leurs suggestions.
Mais grâce à la demande particulière de la maman de Jacques (cfr rapport 2016), nous avons affiné cette rencontre.
Elle souhaite un document reprenant tout ce qu’on a mis en place pour son fils chez nous.
Jacques doit partir en vacances avec un groupe de personne qui ne le connaît pas. Sa maman souhaite leur donner le plus d’informations possibles pour les aider.
Nous avons répertorié toutes nos observations dans un tableau ; nous avons laissé une colonne pour l’échange avec les parents et nous l’avons agrémenté avec quelques photos.
Au final, en le lisant, on a le regard des accueillantes mais également de la maman et on peut se faire une représentation grâce aux photos.
Ce tableau nous l’utilisons avec toutes les familles en fin de garde. A présent, il fait partie des souvenirs avec lesquels l’enfant part le dernier jour.
Des regards sur le handicap.
Le SAP prend contact avec nous car ils cherchent une solution pour permettre à Irène d’aller certains jours à l’école. Connaissant notre ouverture, ils ont proposé aux parents de nous rencontrer. Ils ne nous parlent de Irène que de manière succincte car ils savent que ce qui nous intéresse c’est de connaître ses besoins et non son handicap. Ils nous expliquent seulement qu’elle a déjà subi de nombreuses opérations et qu’elle a besoin d’attention. Directement nous pensons organisation : qu’est-ce qu’on va mettre en place pour son bien-être ? De quoi a-t-elle besoin ? Quelle flexibilité offrir aux parents ? Un nouvel enfant en situation de handicap donc un nouveau défi.
Nous la rencontrons un soir avec ses parents et sa grande sœur. Elle reste dans les bras de sa maman. Elle paraît timide. Il faudra prévoir du temps pour l’aider à se sentir à l’aise. Sa famille étant d’origine étrangère, il faut qu’on prenne le temps de s’assurer qu’on se comprend bien. La langue mais également les coutumes peuvent être un frein à cette compréhension. Une famille d’origine étrangère c’est un nouveau défi.
Nous passons du temps avec Irène et sa maman. Elle adore être avec les autres enfants, elle essaie de les imiter. Même si elle ne parle pas, même si son physique est différent, même si son rythme d’apprentissage diffère, Irène s’habitue très vite et les autres sont à l’aise avec elle. Quelques attentions particulières à lui porter mais aucun changement important dans notre organisation. Au final nous devons juste nous adapter à ses compétences qui ne sont pas celles d’un enfant de son âge mais les mêmes que celles d’enfants un peu plus jeunes.
Sa maman nous soutient dans son accueil, elle nous laisse le temps. Malgré que son français ne soit pas « impeccable », elle nous donne toutes les informations que nous avons besoin de vive voix ou par mail. Nous devons juste adapter notre temporalité. Pour la maman, il est essentiel que Irène fréquente le plus possible l’école alors que nous aimerions l’avoir plus avec nous.
Et puis il y a l’école, encore un autre regard. C’est la première fois pour cette institutrice qu’elle accueille un enfant avec un handicap. Étant donné que sa fille est également chez nous, nous pouvons échanger avec elle. Au fur et à mesure, nous la rassurons et lui montrons non le handicap d’Irène mais plutôt toutes ces compétences. Nous lui montrons également non pas la difficulté d’un tel accueil mais la richesse.
Au final ce dont nous sommes certaines, c’est que nous ne devons pas uniquement accueillir l’enfant en situation de handicap mais également être attentif à sa famille et peut-être même à son école pour que le regard que nous portons sur cet enfant soit le plus constructif possible.
Un carnet qui aide…
Ces carnets nous les regardons avec les enfants lorsqu’un enfant va partir à l’école, lorsqu’un frère ou une sœur est à l’école, lorsqu’un enfant est déjà parti ou combine crèche et école. Toutes les occasions sont bonnes pour en discuter, se faire une idée.
Bien que l’école d’Alice soit un particulière puisqu’on y prodigue des soins, elle peut trouver des similitudes avec celles des autres enfants.
Et puis il y a les enfants comme Zélina. Elle n’est pas très rassurée. Elle ne sait pas si elle a envie ou non d’aller à l’école. Alors on en parle ! Les plus grands expliquent ce qu’ils y font. On leur dit ce qu’on y a vu et qui ressemble à chez nous. Certains le reprennent avec à la maison pour en discuter avec papa et maman.
Tous ces petits moments aident à se préparer. Tout doucement ils mettent des images et des mots sur ce monde inconnu qui les attend.
La soupe de Florentine
Cela fait plusieurs fois qu’on explique à la maman de Florentine que cette dernière ne veut pas boire sa soupe. Lorsqu’on insiste, elle râle et ne veut plus rien manger. Pour toute réponse sa maman nous explique qu’à la maison, Florentine n’est pas obligée de manger de la soupe. D’ailleurs elle n’est obligée de rien. Elle mange suivant ses envies. Ses parents lui proposent et essaient de lui donner envie mais sans la contraindre.
Oui mais alors comment faire chez nous ? Comment respecter le choix de ses parents alors que pour d’autres il est important que leur enfant mange la soupe ? Comment expliquer à un enfant que lui est obligé et pas son copain ?
Depuis le début nous essayons de tout faire pour respecter au maximum ce que le parent met en place avec son enfant. Mais là nous sommes coincées !
En équipe nous prenons le temps de discuter. Nous mettons en parallèle nos représentations, celles des parents, les besoins des enfants et ce qui se fait ailleurs. Lors de notre voyage à Lyon (cfr rapport 2016), une responsable éducatrice nous avait interpellé par rapport à ces moments de repas. Elle nous avait sensibilisé aux difficultés que pouvait avoir un enfant à manger avec des couverts. Ce n’est pas quelques choses de naturels.
Au final nous décidons de laisser plus d’autonomie aux enfants. Dès à présent nous leur servirons leur assiette en même temps que la soupe. Nous leur donnerons également leur gobelet d’eau. Ils pourront choisir l’ordre dans lequel ils voudront manger ou boire. Nous les laisserons utiliser également leurs doigts tant qu’ils ne jouent pas. Au final les seules règles qu’il reste sont :
· Il faut goûter de tout si on veut se resservir
· On peut s’aider de ses doigts si on en a besoin sans en mettre partout.
Au fur et à mesure des jours, Florentine a goûté sa soupe. Tous les enfants ont mieux mangé. Et nous avons eu une ambiance plus détendue lors des repas.
Le voyage à Lille: « l’analyse des pratiques »
Ce sujet nous touche directement. Depuis l’ouverture, nous nous demandons quand et comment organiser nos réunions. Nous avons essayé de prévoir des réunions pendant les heures d’ouverture de la maison d’enfants. Mais c’est difficile car il y a toujours des enfants présents. Nous ne sommes pas toutes entièrement concentrées. Nous devons continuer de nous occuper des enfants. Nous avons essayé le soir en proposant un petit repas pour rendre ce moment plus agréable. Mais comme on fixe au fur et à mesure la date, il se passe souvent plusieurs mois avant la suivante.
C’est avec toutes ces questions que nous embarquons dans le bus. Nous retrouvons Victoire, l’organisatrice de ce projet (cfr rapport 2016), les responsables des différentes structures d’accueil, certaines personnes du service « Accueil assistance », le responsable pédagogique de l’ONE Libramont et une gestionnaire du projet Tisserand.
Sur le modèle de l’an dernier, ce voyage se partage entre :
• des temps de rencontre commun où des intervenants nous expliquent comment ils ont mis en place le projet et pour quelles raisons
• des temps de rencontre dans des structures en petit groupe.
Etant donné que le trajet nous prend moins de temps, nous pouvons profitez de plus de temps sur place. Chaque petit groupe aura l’occasion de se rendre dans 2 structures différentes.
Pendant ces 2 jours, nous avons pu trouver des solutions. Même s’il nous est impossible de transposer tel quel le projet de Lille chez nous, nous pouvons nous en inspirer.
Premier élément important, il faut institutionnaliser nos temps de réunions. Chez eux ils font partie de leur temps de travail. Il est tout à fait normal lorsqu’on travaille dans un accueil pour les enfants qu’on ait une à deux réunions par mois en soirée. C’est inscrit dans leur règlement de travail. Donc nous devons lui donner un cadre, l’inscrire dans quelques choses d’officiel. Ceci est tout à fait possible chez nous.
Deuxièmement, ces réunions « d’analyse des pratiques » sont spécifiques. Il ne s’agit pas d’une réunion d’équipe classique mais plutôt d’un moment qu’on prend à plusieurs pour se questionner sur une situation spécifique. Il y a une personne extérieure qui garantit le temps et l’écoute de chacun dans un non-jugement. Cette idée est plus difficile à mettre en place car cet intervenant extérieur est payant. A Lille, la ville intervient dans la prise en charge financière. Chez nous alors qu’on essaie déjà de tenir debout, il est impensable de prévoir un budget pour cela.
Troisièmement, l’inclusion est vécue comme quelque chose de naturel. Pour eux il ne s’agit pas seulement d’inclure des enfants en situation de handicap mais aussi des enfants et familles précarisées. Tout leur projet d’accueil va dans ce sens. Même si certains lieux sont reconnus comme accueillant plus de handicap ou plus de précarité, l’importance de l’accueil est donnée à tous. Nous nous retrouvons dans cette idée.
Depuis l’ouverture nous disons vouloir accueillir tous les enfants de la même façon qu’ils soient ou non en situation de handicap. C’est peut-être mal exprimer et certains pourraient s’en sentir choqué. Et pourtant comme à Lille nous voulons simplement ne pas mettre notre priorité sur leurs différences.
Nous rentrons, de ce voyage, fatiguées mais également enrichies. Nous avons trouvé des solutions pour rendre concrète l’analyse de notre travail même s’il nous est impossible pour l’instant d’aller aussi loin qu’eux.
Chaque enfant son référent.
Cela fait déjà plusieurs fois que nous sommes interpellées par cette réflexion : « Il est important que chaque enfant ait un adulte référent. » Quels sont les fondements de cette importance ?
Plusieurs fois déjà, le conseiller pédagogique nous pose la question : « avez-vous un adulte de référence pour chaque enfant ? ».
Nous échangeons à ce sujet en équipe, nous questionnons notre collègue qui vient de terminer des études de « directrice de maison d’enfants ». Mais nous ne trouvons pas de réponse. Pour quelles raisons est-ce si important ?
Nous sommes d’accord :
• qu’il est important que chaque enfant soit regardé. Il faut être vigilent à ne pas en laisser un de côté, sans attention,
• que le nombre de personne qui s’occupent de l’enfant si petit doit être limité.
• que dans une grande structure, le référent donne des garantis par rapport au bien-être de l’enfant,
• que l’enfant peut se sentir rassuré de savoir qu’une personne lui porte plus d’attention.
Mais nous sommes une petite équipe (5 maximum), nous n’accueillons que 15 enfants par jour au maximum. Et que fait-on des affinités, des besoins de chacun ?
C’est le moment ! On aborde le sujet et pour la Xème fois, le conseiller pédagogique nous interpelle : « et vous, vous avez des rôles de référence ? ». Alors nous en profitons pour faire part de notre point de vue. Comment sait-on à l’avance que cet adulte est la personne la plus adéquate pour l’enfant et sa famille ? Comment fait-on si après quelques semaines l’enfant préfère qu’une autre puéricultrice s’occupe de lui ? Si la puéricultrice part, qui porte l’attention sur l’enfant ? Et la puéricultrice qui travaille à mi-temps, l’enfant dont elle est référente est lésé ? L’enfant ne cherche-t-il pas chez l’adulte ce dont il a besoin ?… Toutes ces questions nous empêchent de trancher et de comprendre l’importance de ce rôle.
En sortant de cette réunion, nous n’avons pas de réponses. Par contre la réflexion est amorcée. Nous continuons de tout mettre en place pour que chaque enfant soit porté par l’attention d’au moins une personne et nous essayons de favoriser les liens spontanés.
Les chèques services luxembourgeois.
Depuis quelques mois, les frontaliers peuvent bénéficier d’une réduction dans leurs frais de gardes lorsqu’ils inscrivent leur enfant dans un milieu d’accueil reconnu par le ministère des familles du Grand-Duché de Luxembourg. Bien que proposé dans un premier temps, aucun milieu d’accueil belge peut prétendre à cette reconnaissance puisque nous ne pouvons pas favoriser l’enseignement luxembourgeois en accueillant des enfants chez nous.
Cette responsable d’un milieu d’accueil du sud de la province de Luxembourg rencontre des difficultés pour remplir son milieu d’accueil. Elle est tout près de la frontière et la majorité des familles qui s’inscrivent chez elle ont pour un des deux parents au moins un emploi luxembourgeois.
Cette nouvelle réforme lui aurait fait diminuer son taux d’occupation.
Mais alors si elle est touchée, peut-être que nous aussi. Pourtant il nous parait difficilement envisageable qu’un parent choisisse de faire endurer des heures de bouchons à son enfant juste pour payer moins.
Après quelques réflexions, nous constatons que nous avons moins de visites voir plus du tout depuis quelques semaines. Serait-ce dû à ces chèques services ?
Pour l’instant, nous continuons d’être rempli. Mais comme toujours, nous devons voir plus loin. Il nous faut des inscriptions 9 mois à l’avance pour assurer un taux de présence optimal.
Nous terminons le reste de l’année avec seulement 2 visites en décembre. Qu’une seule famille nous confiera son enfant. Cette baisse de demande serait-elle dû aux « chèques services ?
Les responsables des autres milieux d’accueil ne se plaignent pas de cette baisse d’inscription. Au contraire la structure d’Habay dit pouvoir remplir cette nouvelle structure. Elle augmente sa capacité d’accueil suite au Plan Cigogne II. Alors est-ce que les chèques services luxembourgeois ont-ils ou non une influence sur notre taux de remplissage ?
Une stagiaire surprenante
En juin, la maman de Sylvie prend contact avec nous. Sa fille de 19 ans en situation de handicap suit sa scolarité dans une école spéciale. Durant cette année scolaire, elle a pu faire un stage dans une crèche. Elle aime le contact avec les enfants. Sa maman souhaiterait qu’elle vienne quelques jours pendant les vacances pour s’assurer qu’elle aime vraiment.
Les deux semaines passées avec nous ont été surprenantes. Sylvie qui parle très peu, qui ne laisse pas transparaître ses émotions a tout de suite été accepté par la majorité des enfants. Elle est attentive à tout ce qui se passe autour d’elle et réagit adéquatement. Au final, elle nous a vraiment aidé dans l’accueil de tous les jours.
Puisqu’elle doit trouver un stage pour sa dernière année scolaire, nous lui proposons de venir chez nous tous les jeudis et vendredis de l’année scolaire.
Depuis l’ouverture, nous aimerions une personne comme elle dans notre équipe. C’est peut-être l’occasion.
Peu de temps après le début de son stage, nous rencontrons son professeur. Elle est prête à nous aider à la former suivant ces capacités. En juin 2018, elle a fini l’école. Elle ne pourra pas travailler en tant que puéricultrice. Elle n’aura pas le diplôme requis.
Nous décidons de réfléchir à des solutions pour lui offrir une place chez nous. Son professeur ainsi que sa maman vont se renseigner de leur côté, voire avec l’AViQ ce qui est possible.
En attendant, Sylvie nous accompagne toutes les semaines. Elle joue avec les enfants, assure leur sécurité et leur bien-être et nous aide dans les tâches quotidiennes. Et nous, nous lui apprenons certains gestes du métier et la soutenons dans tâches plus délicates à son rythme.
2018
L’évolution d’Aaron.
Lorsque sa maman prend contact avec nous en 2017, sa demande est claire : « Est-ce que Aaron pourrait venir quelques jours chez vous pendant les grandes vacances ? ». Etant donné qu’il a que 4 ans, nous acceptons. Comme pour tous les enfants, nous lui demandons de venir quelques jours en familiarisation. Dès la première rencontre, nous remarquons que Aaron a quelques choses de particulier. Petit à petit, sa maman nous explique qu’il a retard dans son développement et qu’il est suivi par un kiné plusieurs fois par semaine. Nous identifions avec la maman ses besoins pour l’accueillir au mieux. Ceci nous suffit.
Et puis Aaron est venu passer ses vacances avec nous. Très vite nous avons remarqué qu’il avait besoin de plus de temps. Sa marche et sa diction sont hésitantes. Parfois, nous avons du mal à le comprendre… Mais c’est un garçon très volontaire et social.
Petit à petit, il se trouve une place parmi nos enfants. Il y a une différence d’âge. Aaron a 4 ans. Il pourrait souhaiter autre chose. Mais non ! Au final il y trouve son compte. Le rythme plus lent d’une maison d’enfants, lui permet de se poser et se reposer.
Cette année, nous avons vu son évolution. Il marche mieux ; il veut courir comme les autres et grimper partout. Surtout il veut être considéré comme un grand. Il parle mieux. Il aime nous raconter sa vie. On le comprend. Il passe ses journées à nous raconter ce qu’il a fait ou ce qu’il va faire. Il aime nous faire de petites blagues. Par exemple en plein mois de juillet, il nous a fait croire que c’était son anniversaire. Le soir en discutant avec sa maman, nous nous sommes rendues compte qu’il est né au mois de décembre. Il a un petit côté moqueur. Il aime nous raconter ce que ses parents ou même nos collègues n’ont pas su faire.
Par contre, lorsqu’il est fatigué, sa diction est plus hésitante. On doit lui demander de répéter, ce qui peut vite l’agacer. Il nous sollicite davantage. Mais comme il aime dire qu’il est grand, il ne veut pas admettre sa fatigue. Nous devons ruser pour qu’il accepte de se reposer.
Nous faisons part de nos observations à ses parents. Nous ne savons pas si celles-ci les aident à mieux comprendre les difficultés de leur enfant car les informations données lors de l’accueil ou du retour sont souvent brèves. Nous respectons ces échanges.
C’est le cheminement D’Aaron et ses parents.
Les meilleures amies :
Irène vient pratiquement toutes les vacances. Aux vacances de printemps, nous avons accueilli une autre enfant de son âge. Dès le premier jour, Irène et cette enfant ont joué ensemble. L’une comme l’autre paraissait à l’aise. Elles n’avaient pas besoin de se parler pour se comprendre. Elles s’appelaient même par leur prénom…à notre plus grande surprise.
Le soir en en discutant avec les parents, nous avons appris qu’elles vont à la même école et surtout qu’elles sont de très bonnes copines. Elles jouent tout le temps ensemble.
Nous étions ravies de cette relation. Ces deux enfants pourront ainsi avoir plus d’intérêts à venir chez nous. Elles ne seront plus seules dans un groupe d’enfants. Elles ont des jeux communs, de leur âge. Elles s’isoler du groupe pour jouer ensemble. Cette amitié a facilité l’accueil de la copine d’Irène. C’est une enfant de 4 ans sans handicap. Dans une maison d’enfants, il est souvent difficile d’offrir suffisamment de stimuli pour des enfants de cet âge tout en respectant le rythme des plus petits. Irène a pu faire le lien, elle a pu nous aider à offrir à son amie ce dont elle a besoin.
Une nouvelle utilité.
Alexia est la petite sœur de Zelina. Elle a fréquenté également notre maison d’enfants. Lorsque Zelina est partie à l’école, le carnet des écoles l’avait aidé à se préparer. Elle était plutôt réticente lorsque ces parents lui en parlaient. Puis petit à petit, en regardant les photos en comparant les autres écoles, nous l’avons vu changer de comportement, accepter cette nouvelle expérience.
A présent avec le déménagement, les parents de Zelina et Alexia ont quelques craintes. Comment vont réagir leurs filles ? Alexia qui n’aime pas le changement va-t-elle s’habituer à une si grande école ? Et Zelina sera-t-elle à nouveau inquiète ?
Pour les aider, nous leur proposons de créer ce carnet le plus rapidement possible et de leur prêter pour les vacances de noël. Elles doivent intégrer cette nouvelle école à la rentrée de janvier
Le directeur accepte tout de suite notre demande. Nous rencontrons la future institutrice de Alexia. Elle nous présente l’école, nous parle de sa pédagogie. Elle est ravie de notre démarche et accepte d’être prise en photo pour que Alexia se familiarise déjà un peu. Nous souhaitons également porter une attention à Zelina et demandons pour prendre quelques photos de sa future classe et de son institutrice. Par contre celle-ci refusa d’être prise en photo. Elle estime que Zelina est assez grande
Quand les mots donnent de l’émotion.
Lors de cette réunion de parents, 3 familles ont accepté de relire le document. L’une d’elle nous accompagne depuis plus de 3 ans. Ils nous ont confier leurs deux enfants consécutivement.
Quelques jours plus tard, elle nous rend le document. Elle est émue. Elle nous dit qu’il correspond à ce qu’on met en place tous les jours. Elle nous dit qu’elle aurait aimé avoir un tel document avant d’inscrire ses enfants. Le fait de le lire lui fait revivre des émotions de moments vécus.
Voyage en Suisse.
Nous partons en fin d’après-midi pour ne pas perdre de temps dans le voyage. La route est longue (5h) et le programme chargé.
Le jeudi matin, nous nous rendons au PEP où nous rencontrons Fabienne et Agnès. Elles nous présentent la structure et la replace dans l’organisation politique suisse. En effet, Lausanne se situe dans le canton de Vaux qui est essentiellement francophone et très ouvert à la diversité.
Ensuite nous visitons une bibliothèque destinée essentiellement aux travailleurs de la petite enfance. En plus de mettre des livres à disposition des professionnels, ils proposent du matériel didactique et une aide dans les recherches. D’ailleurs, ils travaillent en collaboration avec le PEP. Une des particularités de ce service est le fait qu’ils se rendent dans les milieux d’accueil pour les accompagner dans leurs réflexions et leurs questionnements. Au lieu de leur donner des réponses toutes faites, ils préfèrent leur proposer des pistes de réflexions grâce à des lectures ou des outils didactiques provenant de cette bibliothèque.
Nous continuons notre voyage par des visites de milieux d’accueil. Nous pouvons rencontrer les équipes et discuter de leur manière de faire.
Nous terminons nos 3 jours par un retour au PEP où nous faisons le point : que retenons-nous de ces expériences ?
Nous revenons des idées plein la tête. On a pu se rendre compte que c’est une volonté de la ville de Lausanne de viser l’inclusion de tous. Ils mettent tout en place pour que tout le monde se sente accueilli. Ils organisent des espaces et des temps pour les parents. Ils donnent du temps à la réflexion. Dans chaque milieu d’accueil des moments sont prévus pour des réunions, des analyses. Ceci fait partie de leur travail. D’ailleurs une majorité importante a une formation d’éducateur de la petite enfance (niveau master). Ils sont formés à l’analyse.
Et même s’ils nous donnent l’impression d’être bien plus loin que nous dans la réflexion sur l’accueil des enfants en bas-âge, ils utilisent des documents belges tel que « Osons la qualité » (référentiel de l’ONE) et invitent régulièrement Florence Pirard (Professeur à l’université de Liège en science de l’éducation, ancienne conseillère pédagogique de l’ONE). Comme quoi le partage des savoirs permet d’aller plus loin.
L’importance de croiser les regards :
Lors de cette CCA, le coordinateur parle d’une difficulté rencontrée par l’accueillante extrascolaire d’une école de la vallée. Petit à petit, nous nous rendons compte qu’il parle d’Irène. Depuis septembre 2017, elle fréquente cette école et reste à la garderie après 16h. C’est la première fois que l’accueillante doit s’occuper d’un enfant en situation de handicap. Ceci l’effraie. Même si au fur et à mesure, elle s’habitue, elle trouve que la situation est complexe car il est difficile de parler avec la maman et elle trouve que l’hygiène de la petite laisse à désirer. Elle se sent seule. Le coordinateur nous explique qu’ils ont eu du mal pour lui trouver des solutions. Pour finir, ils ont engagé une deuxième personne pour l’aider. Le fait qu’elle parle la même langue que l’enfant a également aidé. Mais au final se pose la question : « Doit-on accepter un tel enfant dans un accueil extra-scolaire ? ».
Cette situation nous étonne…on n’y avait pas pensé ! Depuis l’ouverture des Petits Nicolas, nous insistons sur l’importance de travailler en réseau. Dès qu’on le peut, on crée des synergies pour faciliter l’accueil de l’enfant dans tous ces milieux. Quand Irène est arrivée chez nous, nous avons très vite rencontré son institutrice (c’est la maman d’une petite qui vient chez nous). Elle a pu nous exprimer ses craintes et nous avons pu en discuter. Elle a pu se familiariser avec l’enfant doucement et inversement. Par contre, nous n’avons pas pensé qu’elle irait à la garderie.
Lorsqu’on entend le coordinateur expliquer, nous sommes étonnées. Pourquoi ne nous ont-ils pas contacté ? Ils savaient qu’Irène venait chez nous. Pourquoi n’ont-ils pas fait appel à des services tel que le Tisserand ? Ensemble, nous aurions pu aider cette accueillante. Nous aurions pu discuter, partager nos expériences, exprimer nos difficultés, trouver des solutions. Peut-être que grâce à notre manière de voir les choses, nous aurions pu changer le regard de l’accueillante sur le handicap.
2019
Une vision différente de l’accueil :
Depuis plusieurs mois, nous travaillons avec notre conseiller pédagogique sur la période de familiarisation (l’importance de prendre le temps, de respecter les besoins des parents et de l’enfant, leur laisser de la place…leur donner notre confiance). Et puis les familles du centre sont arrivées. Ils veulent tout de suite nous laisser leur enfant. La barrière de la langue ne nous permet pas d’avoir toutes les infos. Pour eux, leur enfant doit s’adapter et non l’inverse. Après quelques minutes et quelques mots arabes, même la maman la plus fusionnelle avec son enfant nous propose de partir et nous laisser son enfant… elle nous fait confiance.
Des bulles de savon :
Depuis quelques mercredis, deux sœurs du centre nous ont rejoint en tant que bénévole. Elles nous accompagnent dans nos tâches ménagères et dans certaines tâches auprès des enfants (lire des histoires, accompagner dans les activités, en sortie…).
Ce mercredi, comme il fait beau, nous sortons avec les enfants et elles nous accompagnent. A la demande d’un enfant, nous faisons des bulles de savons. Quelle surprise pour ces deux sœurs ! Elles n’avaient jamais vu ça. Elles sont retombées en enfance.
ARTHUR GRANDIT !
Avec ses copains du même âge, il commence à parler de papa et maman. Pourquoi, Arthur parle de Brigitte et Paul ?
Depuis plus d’un an, Arthur nous a rejoint. Sa situation est un peu particulière puisse qu’il vit
dans une famille d’accueil. Et comme il continue d’avoir des contacts avec son papa, ses parents d’accueil ont décidé de ne pas se faire appeler « papa » et « maman » mais plutôt « Paul » et « Brigitte ».
Mais maintenant qu’il parle de plus en plus, Arthur, comme les autres enfants, parle de ses parents. Et par imitation, il dit souvent « papa », « maman ». Les autres enfants posent des questions « Où est la maman d’Arthur ? » ou « C’est le papa d’Arthur qui vient ? ».
Pour les aider à comprendre, nous demandons à notre bibliothécaire de nous trouver des livres qui abordent ce sujet de familles d’accueil. Comme c’est un sujet peu traité, il lui a fallu plusieurs mois pour nous trouver ce livre.
Irène revient quelques semaines pendant ces vacances.
Avant même d’arriver dans le milieu d’accueil, nous pouvons voir son enthousiasme. Sa maman a posté une photo d’elle sur Facebook. A peine sortie de la voiture, c’est en courant qu’elle vient. Elle veut nous aider et s’occuper des bébés.
2020
La visite des parents de David.
Depuis quelques mois, David est accueilli avec ses frères et sœurs dans un centre d’accueil d’urgence. Etant donné qu’il n’est pas possible pour lui d’intégrer une école vu ses difficultés, nous avons accepté de l’accueillir 5 jours par semaine. Ses parents souhaitaient voir notre milieu d’accueil. Pour eux, il était difficile de concevoir que leur enfant soit encore à la crèche alors qu’il a plus de 3 ans et que ça lui convienne. Après la visite du bâtiment, nous nous sommes installés dans le coin salon où nous avons offert un temps à Davis et ses parents. Nous répondions à leurs questions. Mais surtout nous respections ce temps intimiste entre un enfant et ses parents. Ils étaient attentifs à tout ce que leur montrait leur enfant. Petit à petit, ils se rendaient compte que notre milieu d’accueil pouvait apporter du positif à leur enfant.
L’après confinement :
Pendant tout le confinement, nous avons accueilli 1 à 2 enfant(s) par jour, toujours les mêmes. Au fur et à mesure, ces enfants ont pris leurs habitudes et créé des liens particuliers ; tandis que les autres enfants ont renforcé leurs habitudes familiales. Comment au retour de tous, pourrions-nous répondre aux besoins de chacun ? Est-ce que les enfants restés à domicile accepteraient de quitter leurs parents ? Et « nos » deux enfants laisseront-ils de la place et des jeux aux autres ? Pour anticiper ces difficultés, nous avons envoyé à chaque parent un questionnaire nous permettant de connaître les nouvelles habitudes de leur enfant. Nous avons prévu une réunion d’équipe pour en discuter et se préparer à cette rentrée collective.
Notre dixième anniversaire.
On parle d’une deuxième vague, d’une possibilité de reconfinement. Interdiction de se rassembler même pour un repas, même pour fêter notre 10ème anniversaire. Alors comment marquer le tout ? Comment dire au plus grand nombre : « On a dix ans ! notre projet existe et il a du sens ! »
Pendant une semaine, chaque jour, nous avons posté sur facebook une publication mettant en avant un élément de notre projet. Nous avons réussi à toucher jusqu’à près de 3700 personnes. Mais comme à chaque fois, Facebook est éphémère et ne donne pas beaucoup de retour. On a marqué le coup à notre manière…
L’accueil de Samuel.
Depuis quelques temps, nous accueillons des enfants du centre « Visage du monde » de Stockem. Comme pour toutes les autres familles, nous proposons aux parents de passer plusieurs moments avec nous à la crèche afin que leur enfant prenne ses marques, se sente à l’aise avec nous. Nous préparons un questionnaire pour essayer d’avoir le plus d’informations possible sur l’enfant et nous prenons le temps de les écouter. Mais à chaque fois, nous sommes bousculés dans ce rythme. Ces parents ne veulent pas de ce temps ou alors juste un peu. Ils veulent que leur enfant soit accueilli comme les autres, qu’on fasse comme avec les autres. Nous n’arrivons pas à leur faire comprendre que faire différemment avec chaque enfant est la base de notre projet. Alors nous suivons leur rythme et acceptons leur enfant même si on ne le connaît pas. Petit à petit, nous essayerons de mettre d’autre chose en place pour mieux se rencontrer.
Voilà, la familiarisation est terminée. Nous avons peu d’informations sur les habitudes de Samuel. Nous devons faire « Comme avec les autres ». Et pourtant, cette fois, la langue n’est pas la barrière. Maman parle couramment français. Mais nous continuons d’être bousculées. Nous qui aimons prendre le temps lorsque le parent nous amène son enfant ou vient le rechercher, ici maman ne vient jamais. C’est le « drive » de la Croix-Rouge qui l’amène et vient le rechercher. Le chauffeur ne connait pas l’enfant et n’a aucune information sur sa nuit, son déjeuner, sa santé, …. Nous fonctionnons totalement à l’aveugle. Alors nous renforçons le cahier de communication. Nous décrivons davantage les journées, nous y posons des questions, nous y interpelons la maman. Heureusement la langue n’est pas une barrière ! La maman accroche, nous répond, nous donne des conseils, nous remercie. Nous avons réussi à lui donner un peu de transparence de notre milieu. Mais comment faire avec d’autres familles qui ne parlent pas ou pas bien le français ? Comment leur expliquer ce que vie leur enfant chez nous ?
Les masques pour les enfants.
Après le premier confinement, les enfants paraissent intrigués par les masques que les adultes doivent porter. Régulièrement, ils ont essayé de nous les enlever. Une mamie sympa a décidé de nous en coudre à la taille des enfants. Très vite, certains les essayent ou les mettent à leurs poupées. Ils font comme nous. Ils se sont rapidement rendus compte que c’est assez pénible et ils ont préféré les laisser de côté. Actuellement quand on plie le linge et qu’on range les masques, ils viennent nous aider. Parfois ils en enfilent un ou l’autre mais ne le garde jamais longtemps. Par contre, ils acceptent plus facilement qu’on en porte un lorsqu’on les accueille ou lorsqu’on les rend à leur parent.
2021
Merci Google traduction
La famille de Léo vient d’arriver la semaine dernière du Portugal. Ils habitent chez une cousine en attendant de trouver une autre solution. Papa a déjà trouvé un travail. Par contre, maman doit trouver une solution rapidement pour Léo car elle doit commencer à travailler la semaine suivante. Nous acceptons de l’accueillir 5 jours par semaine. Sa tante l’amènera tous les matins et papa viendra le chercher après le travail. La tante est notre principale interlocutrice ; elle est la seule à parler français. Lors de la familiarisation, nous souhaitons tout de même échanger avec la maman. Nous voulons lui donner une place. Etant donné la barrière de la langue, nous utilisons Google traduction.
Participation au film : « Etre en lien » de l’ONE
Hélène vient passer deux jours avec nous. Elle est accompagnée d’un preneur de son. Avant ce tournage, nous avons dû expliquer le projet à tous les parents, demander leur autorisation et nous réorganiser pour que les enfants sans autorisation puissent passer une journée agréable. Ils arrivent avec tout leur matériel : impressionnant pour les enfants mais aussi pour nous. Nous devons vivre normalement pourtant nous portons un micro à la ceinture, une perche et une caméra nous suivent partout. Au fur et à mesure de la journée, nous en rigolons. Nous voyons les enfants s’approcher doucement du matériel. Ils aimeraient bien le manipuler. Les deux journées se terminent, nous sommes épuisées mais fières de cette expérience. Une fois de plus elle nous a permis de mettre des mots sur nos pratiques, les professionnaliser. Nous sommes curieuses de voir le résultat. Rendez-vous en 2022 !
2022
Présentation de notre milieu d’accueil à l’université de Liège.
Depuis quelques années, Florence Pirard nous propose de présenter notre projet d’inclusion à ses étudiants dans le cadre du cours « Questions et pratiques d’éducation du jeune enfant » en lien avec la recherche Decet. Parfois lors de la rédaction de leur travail final, certains étudiants font part de leur interpellation quant à notre présentation :
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Le projet " Les Petits Nicolas" est un exemple de projet voulant permettre l'accessibilité à tous, quel que soit le handicap de l'enfant. C'est le milieu d'accueil qui s'adapte à l'enfant et non l'inverse. Et ce qui est bon pour un enfant peu être positif pour les autres aussi...
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Cette présentation fut un moment où on réalise que des initiatives personnelles pourraient être le point de départ d’un changement à large échelle…
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Cette structure et cette façon de voir l’inclusion mérite d’être connue, d’être le point de départ d’autres initiatives et pourquoi pas la base d’une réflexion politique ?
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Un stage peut aussi déboucher sur un emploi.
Chaque élève de 7ème doit défendre son travail de fin d’année. Nous retrouvons une stagiaire qui est venue début d’année chez nous. Elle avait perdu confiance en ses compétences et pensait ne jamais réussir son année. Après un stage tourmenté, elle était repartie motivée. Quand elle entre dans le local d’examen, ce n’est plus la même, elle a pris de l’assurance. Elle a fait un travail dans lequel nous retrouvons du questionnement et de la réflexion. Nous sommes étonnées de son évolution. Elle aurait été interpellée par le stage passé chez nous. Elle souhaiterait d’ailleurs travailler chez nous lorsqu’elle sera diplômée. Elle correspond à notre manière de travailler. Nous gardons son CV.
Tout ne se passe pas comme nous le souhaitons.
Une maman vient plusieurs fois passer du temps dans notre milieu d’accueil, Rosalie prend vite ses marques. Elle évolue dans la pièce tranquillement avec un petit regard de temps en temps pour maman. Au fur et à mesure des échanges, nous ne remarquons aucune difficulté chez cette enfant. Maman nous explique que les inquiétudes qu’ils ont eu seraient passées. Mais la familiarisation est particulière car Rosalie est souvent malade. Maman reporte les jours de présence. Au bout d’un mois, maman n’a toujours pas laissé son enfant. Elle ne vient plus au rendez-vous et ne donne plus de nouvelles. Elle ne répond plus aux appels téléphoniques, ni aux mails. Au final, cet accueil se terminera ainsi. Que s’est-il passé ? Un problème familial, un mal-être de la maman par rapport à notre milieu d’accueil, une parole, une attitude qui a dérangé, des peurs… nous ne le serons pas, nous n’avons pas réussi à créer le lien pour lui donner confiance.
Les moyens de locomotions, un réel frein à notre accueil.
Une maman est séduite par notre projet et souhaite que son enfant soit accueilli chez nous mais elle n’a pas de voiture et les moyens de transport sont quasi inexistants. Elle reste persuadée qu’elle pourra gérer avec son compagnon. Après quelques jours, les absences se sont répétées de plus en plus. Pour finir, la maman met fin à l’accueil en expliquant que son titre de séjour n’était plus valable et qu’elle ne sait pas quand la situation serait régularisée.
Pour plusieurs familles, nous avons déjà pris en charge les trajets car nous ne voulons pas que les moyens de transport soient un frein à l’accessibilité. Malheureusement, cette fois-ci, ce n’est pas possible car Karine assure déjà les transports pour un autre enfant. De plus la famille habite dans un village retiré qui oblige un détour important. Il semble primordial de trouver des solutions durables qui pourraient aider de telles familles.
Une simple rencontre pour poser un regard sur un enfant.
Dès le début de la rencontre, Karine explique à la maman de Piétra qu’il existe un service, le Tisserand qui peut aider les milieux d’accueil à réfléchir aux conditions à mettre en place pour aider un enfant qui aurait des difficultés. Au fur et à mesure qu’elle relate les observations à la maman, celle-ci corrobore et explique qu’elle se pose des questions mais qu’elle ne sait pas qui interpeler. Avant la fin de l’entrevue, la maman demande l’aide de ce service et nous remercie d’avoir porté une attention particulière à son enfant. Nous démarrons un nouvel accompagnement avec le service Tisserand.
2023
Des différences culturelles
Depuis quelques temps nous accueillons une enfant séjournant au centre Visage du Monde de Stockem. A plusieurs reprises, nous avons rencontré sa maman car certains comportements nous interpellaient. En collaboration avec Madame et avec le service Tisserand, nous avons pu mettre en place des choses pour accueillir au mieux cette enfant.
A présent, elle a 2 ans demi et l’entrée à l’école se profile. C’est l’occasion de faire le point sur l’accueil de son enfant et de lui demander un retour. Elle nous dit être contente de l’attention que nous avons donné à son enfant même si certaines fois, elle a été surprise par nos pratiques européennes comme laisser un enfant de 18 mois manger seul.
C’est la première fois que nous pouvons échanger autant avec une maman du centre et nous rendre compte des différences culturelles. Comment pourrions-nous anticiper ces différences de point de vue et en faire des richesses ?
Une chenille en retard
Depuis l’ouverture, nous voulons garder une trace des enfants accueillis chez nous. Nous avons imaginé des roues en bois fixées sur un mur et formant une chenille pour y afficher tous les enfants passés chez nous. Mais comme tous ces projets, il est souvent difficile de continuer d’y afficher les nouveaux départs. Nous sommes en retard de plusieurs mois voire années. Donc cette fois, nous prenons le temps de le remettre à jour. Quel plaisir pour certains enfants d’y voir leur grand frère ou grande sœur !
Comprendre notre métier
Comme chaque année, nous organisons un pique-nique auquel toutes les familles sont invitées. Rendez-vous devant la crèche dès 10h. Nous descendons dans le village avant de rejoindre le moulin où les propriétaires nous ont préparer un espace repas tout près de certains animaux. Avant de reprendre le chemin de retour, la propriétaire nous proposent de venir voir les animaux tels que les cochons, les canards, les poules et aussi les wallabys.
Ce moment informel permet aux parents de se rencontrer mais aussi de vivre simplement un moment de crèche… quoi de mieux comprendre notre métier.