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2018

L’évolution d’Aaron.

 

Lorsque sa maman prend contact avec nous en 2017, sa demande est claire : « Est-ce que Aaron pourrait venir quelques jours chez vous pendant les grandes vacances ? ».  Etant donné qu’il a que 4 ans, nous acceptons.  Comme pour tous les enfants, nous lui demandons de venir quelques jours en familiarisation.  Dès la première rencontre, nous remarquons que Aaron a quelques choses de particulier.  Petit à petit, sa maman nous explique qu’il a retard dans son développement et qu’il est suivi par un kiné plusieurs fois par semaine.  Nous identifions avec la maman ses besoins pour l’accueillir au mieux.  Ceci nous suffit.

Et puis Aaron est venu passer ses vacances avec nous.  Très vite nous avons remarqué qu’il avait besoin de plus de temps.  Sa marche et sa diction sont hésitantes.  Parfois, nous avons du mal à le comprendre… Mais c’est un garçon très volontaire et social.

Petit à petit, il se trouve une place parmi nos enfants.  Il y a une différence d’âge.  Aaron a 4 ans.  Il pourrait souhaiter autre chose.  Mais non !  Au final il y trouve son compte.  Le rythme plus lent d’une maison d’enfants, lui permet de se poser et se reposer.

Cette année, nous avons vu son évolution.  Il marche mieux ; il veut courir comme les autres et grimper partout.  Surtout il veut être considéré comme un grand.  Il parle mieux. Il aime nous raconter sa vie.  On le comprend.  Il passe ses journées à nous raconter ce qu’il a fait ou ce qu’il va faire.  Il aime nous faire de petites blagues.  Par exemple en plein mois de juillet, il nous a fait croire que c’était son anniversaire.  Le soir en discutant avec sa maman, nous nous sommes rendues compte qu’il est né au mois de décembre.  Il a un petit côté moqueur.  Il aime nous raconter ce que ses parents ou même nos collègues n’ont pas su faire. 

Par contre, lorsqu’il est fatigué, sa diction est plus hésitante. On doit lui demander de répéter, ce qui peut vite l’agacer.  Il nous sollicite davantage.  Mais comme il aime dire qu’il est grand, il ne veut pas admettre sa fatigue.  Nous devons ruser pour qu’il accepte de se reposer. 

Nous faisons part de nos observations à ses parents.  Nous ne savons pas si celles-ci les aident à mieux comprendre les difficultés de leur enfant car les informations données lors de l’accueil ou du retour sont souvent brèves.  Nous respectons ces échanges.

 C’est le cheminement D’Aaron et ses parents.    

Les meilleures amies :

Irène vient pratiquement toutes les vacances.  Aux vacances de printemps, nous avons accueilli une autre enfant de son âge.  Dès le premier jour, Irène et cette enfant ont joué ensemble.  L’une comme l’autre paraissait à l’aise.  Elles n’avaient pas besoin de se parler pour se comprendre.  Elles s’appelaient même par leur prénom…à notre plus grande surprise.

Le soir en en discutant avec les parents, nous avons appris qu’elles vont à la même école et surtout qu’elles sont de très bonnes copines.  Elles jouent tout le temps ensemble.

Nous étions ravies de cette relation.  Ces deux enfants pourront ainsi avoir plus d’intérêts à venir chez nous.  Elles ne seront plus seules dans un groupe d’enfants.  Elles ont des jeux communs, de leur âge.  Elles s’isoler du groupe pour jouer ensemble.  Cette amitié a facilité l’accueil de la copine d’Irène.  C’est une enfant de 4 ans sans handicap.  Dans une maison d’enfants, il est souvent difficile d’offrir suffisamment de stimuli pour des enfants de cet âge tout en respectant le rythme des plus petits.  Irène a pu faire le lien, elle a pu nous aider à offrir à son amie ce dont elle a besoin.

Une nouvelle utilité.

 

Alexia est la petite sœur de Zelina.  Elle a fréquenté également notre maison d’enfants.  Lorsque Zelina est partie à l’école, le carnet des écoles l’avait aidé à se préparer.  Elle était plutôt réticente lorsque ces parents lui en parlaient.   Puis petit à petit, en regardant les photos en comparant les autres écoles, nous l’avons vu changer de comportement, accepter cette nouvelle expérience.

A présent avec le déménagement, les parents de Zelina et Alexia ont quelques craintes.  Comment vont réagir leurs filles ?  Alexia qui n’aime pas le changement va-t-elle s’habituer à une si grande école ?  Et Zelina sera-t-elle à nouveau inquiète ?

Pour les aider, nous leur proposons de créer ce carnet le plus rapidement possible et de leur prêter pour les vacances de noël.  Elles doivent intégrer cette nouvelle école à la rentrée de janvier 

Le directeur accepte tout de suite notre demande.  Nous rencontrons la future institutrice de Alexia.  Elle nous présente l’école, nous parle de sa pédagogie.  Elle est ravie de notre démarche et accepte d’être prise en photo pour que Alexia se familiarise déjà un peu.  Nous souhaitons également porter une attention à Zelina et demandons pour prendre quelques photos de sa future classe et de son institutrice.  Par contre celle-ci refusa d’être prise en photo.  Elle estime que Zelina est assez grande

Quand les mots donnent de l’émotion.

 

Lors de cette réunion de parents, 3 familles ont accepté de relire le document.  L’une d’elle nous accompagne depuis plus de 3 ans.  Ils nous ont confier leurs deux enfants consécutivement. 

Quelques jours plus tard, elle nous rend le document.  Elle est émue.  Elle nous dit qu’il correspond à ce qu’on met en place tous les jours.  Elle nous dit qu’elle aurait aimé avoir un tel document avant d’inscrire ses enfants.  Le fait de le lire lui fait revivre des émotions de moments vécus.

Voyage en Suisse.

 

Nous partons en fin d’après-midi pour ne pas perdre de temps dans le voyage.  La route est longue (5h) et le programme chargé. 

Le jeudi matin, nous nous rendons au PEP où nous rencontrons Fabienne et Agnès.  Elles nous présentent la structure et la replace dans l’organisation politique suisse.  En effet, Lausanne se situe dans le canton de Vaux qui est essentiellement francophone et très ouvert à la diversité.

Ensuite nous visitons une bibliothèque destinée essentiellement aux travailleurs de la petite enfance.  En plus de mettre des livres à disposition des professionnels, ils proposent du matériel didactique et une aide dans les recherches.  D’ailleurs, ils travaillent en collaboration avec le PEP.  Une des particularités de ce service est le fait qu’ils se rendent dans les milieux d’accueil pour les accompagner dans leurs réflexions et leurs questionnements.  Au lieu de leur donner des réponses toutes faites, ils préfèrent leur proposer des pistes de réflexions grâce à des lectures ou des outils didactiques provenant de cette bibliothèque.

Nous continuons notre voyage par des visites de milieux d’accueil.  Nous pouvons rencontrer les équipes et discuter de leur manière de faire.

Nous terminons nos 3 jours par un retour au PEP où nous faisons le point : que retenons-nous de ces expériences ?

Nous revenons des idées plein la tête.  On a pu se rendre compte que c’est une volonté de la ville de Lausanne de viser l’inclusion de tous.  Ils mettent tout en place pour que tout le monde se sente accueilli.  Ils organisent des espaces et des temps pour les parents.  Ils donnent du temps à la réflexion.  Dans chaque milieu d’accueil des moments sont prévus pour des réunions, des analyses.   Ceci fait partie de leur travail.  D’ailleurs une majorité importante a une formation d’éducateur de la petite enfance (niveau master).  Ils sont formés à l’analyse. 

Et même s’ils nous donnent l’impression d’être bien plus loin que nous dans la réflexion sur l’accueil des enfants en bas-âge, ils utilisent des documents belges tel que « Osons la qualité » (référentiel de l’ONE) et invitent régulièrement Florence Pirard (Professeur à l’université de Liège en science de l’éducation, ancienne conseillère pédagogique de l’ONE).  Comme quoi le partage des savoirs permet d’aller plus loin.

L’importance de croiser les regards :

 

Lors de cette CCA, le coordinateur parle d’une difficulté rencontrée par l’accueillante extrascolaire d’une école de la vallée.  Petit à petit, nous nous rendons compte qu’il parle d’Irène.  Depuis septembre 2017, elle fréquente cette école et reste à la garderie après 16h.  C’est la première fois que l’accueillante doit s’occuper d’un enfant en situation de handicap.  Ceci l’effraie.  Même si au fur et à mesure, elle s’habitue, elle trouve que la situation est complexe car il est difficile de parler avec la maman et elle trouve que l’hygiène de la petite laisse à désirer.  Elle se sent seule.  Le coordinateur nous explique qu’ils ont eu du mal pour lui trouver des solutions.  Pour finir, ils ont engagé une deuxième personne pour l’aider.  Le fait qu’elle parle la même langue que l’enfant a également aidé.  Mais au final se pose la question : « Doit-on accepter un tel enfant dans un accueil extra-scolaire ? ». 

Cette situation nous étonne…on n’y avait pas pensé !  Depuis l’ouverture des Petits Nicolas, nous insistons sur l’importance de travailler en réseau.  Dès qu’on le peut, on crée des synergies pour faciliter l’accueil de l’enfant dans tous ces milieux.  Quand Irène est arrivée chez nous, nous avons très vite rencontré son institutrice (c’est la maman d’une petite qui vient chez nous).  Elle a pu nous exprimer ses craintes et nous avons pu en discuter.  Elle a pu se familiariser avec l’enfant doucement et inversement.  Par contre, nous n’avons pas pensé qu’elle irait à la garderie.

Lorsqu’on entend le coordinateur expliquer, nous sommes étonnées.  Pourquoi ne nous ont-ils pas contacté ?  Ils savaient qu’Irène venait chez nous.  Pourquoi n’ont-ils pas fait appel à des services tel que le Tisserand ? Ensemble, nous aurions pu aider cette accueillante.  Nous aurions pu discuter, partager nos expériences, exprimer nos difficultés, trouver des solutions. Peut-être que grâce à notre manière de voir les choses, nous aurions pu changer le regard de l’accueillante sur le handicap.

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